Typographie : histoire et familles de caractères
La typographie est un art millénaire que l’Homme a inventé dans le but de communiquer. Aujourd’hui, elle consiste en un processus d’arrangement des caractères, mais également en leur création afin de fournir ou d’étoffer un système de signes graphiques reconnaissables.
Mise en bouche
De mutations en mutations, la typographie s’est transformée au fil des siècles et des millénaires. Les premiers systèmes de communication étaient de nature pictographique-idéographique, c’est à dire basés sur la représentation d’un mot ou d’une idée sous forme figurative ou faiblement abstraite. Les signes ont ensuite progressivement évolué avec des différences importantes selon les régions du monde, pour arriver en France à un système d’écriture basé sur l’alphabet latin (alphabet vient de Alpha et Beta, les deux premières lettres de l’alphabet Grec) dont les signes (les lettres) représentent les phonèmes de notre langue, c’est à dire ses sons.
En 2006, Françoise Briquel-Chatonnet a proposé la chronologie suivante pour les écritures alphabétiques :

Anatomie de la lettre
La typographie utilise beaucoup de termes qui permettent de décrire avec une grande précision la partie de la lettre dont on parle. Le champ lexical du corps y est extrêmement présent avec des termes comme : œil, panse, corps, ligne de pied ou encore jambage…


Mesure de la lettre (taille du corps)
S’agissant de la mesure du corps (taille du caractère) et donc de la taille des lettres, il est important de connaître le rapport entre l’unité classique, le point, et la taille en mm sur un support imprimé. Le point didot, mesure la plus répandue en Europe venant de l’imprimerie plomb, a été créé au XVIIIe siècle afin d’uniformiser les unités de mesure et de faciliter l’achat et l’échange de matériel. Le corps d’une lettre (sa hauteur) se donne alors en point didot. Un point didot est égal à 0.3759 mm, soit 3/8 mm. Dans le système français, un mètre contient 2660 points didot, 1 cm = 26.6 pts, 1 mm = 2.66 pts . Prenons un texte en corps 12 (nbs de points donnant la hauteur de lettre) : 12 x 0.375 9 = 4,51 mm. La hauteur de la lettre sera donc de 4.51 mm.
A noter aujourd’hui l’utilisation de plus en plus courante du point pica, notamment pour les logiciels de PAO (Publication assistée par ordinateur), venant du système de mesure anglo-saxon. Un point pica vaut alors 0.351 3 mm. Un texte de corps 12 aura pour hauteur 4.22 mm.
Le jargon typographique

Police de caractère ou fonte
C’est le style du dessin de lettre. Les polices sont classées en différentes catégories. (cf. plus bas)

Plein et délié
C’est, respectivement, les parties les plus épaisses et les plus fines du caractère.

Empattement
C’est un petit trait ou une forme rectangle ou triangle qui prolonge les extrémités des lettres.

Crénage
C’est l’ajustement de la distance (espace optique) entre les lettres pour une police de caractère donnée. Idéalement, elle doit être réglée à la main (ou plutôt à l’œil) et être homogène pour toutes les paires de lettres. Par ex. : ab, ba, ac, ca, ad, da etc.

Axe droit / Axe oblique
C’est l’axe de construction de la lettre. Un axe droit indique un dessin symétrique de la lettre, sans contraste dans les épaisseurs. Un axe oblique a pour effet d’ajouter du plein et du délié dans l’aspect de la lettre.

Contreforme
C’est l’espace partiellement ou totalement clos à l’intérieur de la panse d’une lettre.

Texte en drapeau
C’est un texte qui n’est ni justifié ni centré. Toutes les lignes sont alignées soit à gauche (on parle de fer à gauche), soit à droite (on parle de fer à droite).