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Créativité : comment trouver des idées ?

La créativité, vaste programme… Cet article est une synthèse introductive de plusieurs modules pédagogiques sur la créativité que j’ai créé pendant près de 10 années d’enseignement. L’objectif est simple : donner des clés pour la comprendre, expliquer ses ressorts, en donner quelques définitions et illustrer comment mettre cette incroyable capacité d’invention au service de sujets les plus variés, dont notamment ceux liés au design.

POUR FAIRE COURT

La créativité est une faculté, un don même, humain. Elle consiste en ce désir irrépressible qu’a l’Homme de ne pas se satisfaire du déjà-là, de vouloir le ré-inventer et le reconfigurer autrement pour mieux le dépasser. Le dictionnaire Larousse nous dit à son propos : « Capacité, faculté d’invention, d’imagination ; pouvoir créateur. »

LA CRÉATIVITÉ : CROYANCES & MYTHES

Sujet de nombreux fantasmes, la créativité s’inscrit dans la dialectique de la peur et de la fascination.
La peur : « Suis-je créatif ? ». « Arrivai-je à trouver une idée ? ». Ce qui signifie en creux : « Serai-je à la hauteur ? ». « Vais-je échouer ou réussir ? »

La fascination : « Les créatifs ne sont-ils pas l’élite de l’humanité ? ». « Comment fais-tu pour trouver toutes ces idées ? » ou encore « Les inventeurs sont des personnes extraordinaires ».

Ce qui renvoie pour les uns à la Création divine, pour d’autres à une sorte de capacité spéciale d’un cerveau un peu magique, pour d’autres encore à une constellation de possibilités pleine de promesses.

NEUROSCIENCE : CERVEAU GAUCHE / CERVEAU DROIT

Si la créativité fascine autant, c’est déjà parce qu’elle procède d’un mode de fonctionnement du cerveau que l’éducation scolaire ne nous donne pas la possibilité de développer. Elle reste un grand mystère pour beaucoup d’adulte. C’est notamment parce que les élèves et ensuite les étudiants sont amenés de façon quasi systématique sur les terrains de l’analyse. Or la créativité est le déploiement d’un autre mode de pensée qui fait fonctionner le cerveau droit. (à ce sujet, d’excellentes explications sur la non pratique du dessin chez la plupart des adultes se trouve dans le livre « dessiner grâce au cerveau droit » de Betty Edwards) C’est ce cerveau qui imagine, qui voit la structure, les connexions, la globalité d’une situation, qui peut esquisser une vision, qui a la capacité à se projeter, de s’extraire de la réalité et de ses contingences. C’est ce dialogue entre cerveau gauche et cerveau droit qui permet, in fine, d’avoir des idées et de choisir celles qui nous paraissent les meilleurs.

Il ne s’agit pas d’un don mais d’une compétence accessible à tous. Elle repose sur une base biologique concrète : la séparation entre le cerveau droit qui imagine et le cerveau gauche qui rationalise. C’est leur complémentarité qui nous permet d’aborder nos problèmes en alternant divergence et convergence pour imaginer le plus grand nombre possible de solutions avant de choisir la plus pertinente. Nous y reviendrons…

D’ABORD UNE QUESTION D’ATTITUDE

La créativité ne se commande pas. C’est ce qui effraie et énerve, autant que cela fascine. Elle arrive plutôt par vague. Elle fonctionne par sauts et ruptures avec notre propre système d’intelligence, nos habitudes. Il faut donc se mettre dans les conditions de faire ces sauts. Voici quelque clés pour se mettre en condition :

  • le non-jugement

Juger, que ce soit en bien ou en mal, tue la créativité et ne permet pas l’enchaînement des idées. Ainsi, une idée A entraîne une idée B qui elle-même entraîne C, etc. C’est pourquoi il ne faut pas juger A. Dès le début d’une séance de créativité en groupe, il faut édicter des règles à ce sujet. Le respect et la confiance sont également importants.

  • l’écoute

L’écoute est indispensable car elle seule permet un véritable échange entre les différents participants.
Sans écoute, pas d’interactions, pas de jeux de ping-pong, pas d’émulation et pas de créativité collective.

  • la rigueur

Elle permet de libérer l’intuition de manière méthodique. La créativité est une démarche. On ne fait pas de la créativité pour de la créativité, sans but, sans enjeu. Il ne faut pas se lancer dans le vide. D’autre part, il est important qu’une des personnes guide la séance, relance, anime, donne confiance aux participants et fasse respecter ses règles.

  • La curiosité

La curiosité est une base indispensable. Être capable de se questionner et de s’émerveiller de tout. Remettre en question s’interroger, garder un appétit pour la découverte, l’apprentissage, etc.

Pour cela, il est fondamental de :

  • de se cultiver
  • de noter à mesure ses idées / coup de cœur / inspiration / etc. (carnet)

La recherche de solution et les phases créatives se nourrissent avant tout de la culture et des connaissances de chaque individu. On ne créé pas ex-nihilo mais à partir de quelque chose, à l’intérieur d’un cadre, de notre cadre. Par conséquent, plus l’on connait de chose, et plus notre imaginaire créatif sera riche.

DES TEMPS FORTS SUCCESSIFS

1) Tout d’abord définir l’objectif en amont : Que va-t-on chercher ? La définition doit être précise voire contraignante. Mieux le problème est posé, balisé, mieux on s’oriente vers la solution.

2) Vient ensuite le moment où l’on produit les idées.

3) La troisième étape consiste à choisir les idées réalisables.

4) Enfin, on rédigera les fiches d’idée.

QUELQUES DÉFINITIONS DE LA CRÉATIVITÉ

Aptitude à créer des idées grâce à l’imagination.
A. Osborn

La créativité, c’est le fait de relier des dimensions jusque-là étrangères l’une à l’autre.
A. Koestler

La créativité, c’est l’aptitude à produire des solutions nouvelles, sans utiliser un processus logique, mais en établissant des rapports d’ordre lointain entre les faits.
G. Aznar

La créativité, c’est voir la même chose que tout le monde et penser autrement.
R. Von Oech

Je me suis forcé à me contredire pour éviter de me conformer à mon propre goût.
Marcel Duchamp

La créativité c’est percer le banal pour trouver le merveilleux.
Bill Moyers

Je n’ai pas échoué. J’ai simplement trouvé 10 000 solutions qui ne fonctionnent pas.
Thomas Edison

Regarde attentivement, car ce que tu vas voir n’est plus ce que tu viens de voir.
Léonard de Vinci

L’imagination est plus importante que la connaissance. Car la connaissance est limitée, alors que l’imagination embrasse l’univers tout entier.
Albert Einstein

DIVERGENCE & CONVERGENCE

Revenons à la divergence & convergence. 

Phase divergente
Générer un maximum d’idée.
Pas de tri. Pas de jugement. Pas de filtre. On note tout.


Phase convergente
On passe des mots générés à des listes d’idées.
On pousse les idées dans leur retranchement.
On choisi les solutions les plus intéressantes.

PRENDRE SOIN DE SA CRÉATIVITÉ AU QUOTIDIEN

Les techniques créatives nous aident à ordonner et hiérarchiser des informations, combiner et mettre en relation des idées, différentier l’essentiel du non essentiel, trouver des alternatives, reconnaître et résoudre des problèmes, anticiper des solutions, innover, changer… La créativité s’entretient tous les jours, du réveil au coucher, comme une plante que l’on arrose.

LE CREATIVE PROBLEME SOLVING (CPS)
processus de la Creative Education Foundation

Étape 1 : définir l’objectif

Objectif : Exprimer son souhait. Trouver un but ou un défi sur lequel essayer le processus créatif. Exprimer le désir du client en l’aidant à formuler sa demande.

Phase de Divergence : lister sous une forme créative, divergente, les buts, souhaits ou défis. Faire une longue liste de souhaits même si vous connaissez d’ores et déjà votre centre d’intérêt général. Sous forme de : « je souhaite que.. », « ce serait super si… ».Relancer indéfiniment le client : « Quels sont vos rêves ? Quels sont vos souhaits ? Quelles sont les opportunités ? Qu’avez-vous fait dernièrement et que vous aimeriez faire mieux ? Quels types de défis avez-vous entête ? Qu’est-ce qui devrait mieux fonctionner ? à quoi avez-vous déjà pensé ces derniers temps ? Quels objectifs aimeriez-vous remplir ? Imaginez-vous dans un an : quels buts, rêves et visions aimeriez-vous réaliser ou commencer à réaliser ? On vient de vous donner une baguette magique pour réaliser un rêve, souhait ou but de votre vie, que choisissez-vous ? »

Phase de convergence : celui qui a posé le problème doit choisir un but, souhait ou défi qu’il ressent comme étant le plus adéquat. Vérifier l’objectif du détenteur, sa motivation et son imagination.

Étape 2 : faire l’inventaire des informations

Objectif : lister l’ensemble des données, les faits, les questions qui vous donneront une image claire de la situation telle qu’elle existe maintenant.

Divergence : Faire une longue liste des faits se rapportant à la situation : répondez aux 5 questions clés.

  • 1. Qui ? Qui est impliqué ? Qui prend la décision ? Qui pourrait gagner à voir cette situation résolue ?
  • 2.Quoi ? Que s’est-il passé jusqu’à présent ? À quoi avez-vous déjà pensé ? Qu’avez-vous déjà essayé ? Qu’est-ce qui a marché jus-que-là ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Au fond de vous, qu’en pensez-vous ? Quels effets vos sentiments ont sur votre comportement ?Quelle serait la solution idéale ? Qu’est-ce que vous avez réussi à faire, par rapport à cette situation jusqu’à présent ? Qu’est-ce qui vous a aidé ? Quels sont les obstacles rencontrés ?
  • 3. Quand ? Depuis quand cette situation est-elle devenue un problème, un souhait, ou un but ? Cette situation arrive-t-elle à un moment précis du jour, de la semaine, du mois, de l’année ? Quand voudriez-vous agir par rapport à cette situation ?
  • 4. Où ? Où avez-vous trouvé de l’aide ? Où avez-vous rencontré des obstacles ? Pourquoi est-ce un problème pour vous ?
  • 5. Pourquoi ? Pourquoi serait-ce une opportunité pour vous ? En quoi cette situation est-elle entre vos mains ? Depuis quand est-ce un problème ?

Convergence : celui qui pose le problème met en avant tous les faits qui lui paraissent importants ou intéressants.

Étape 3 : reformuler, clarifier la demande

Objectif : redéfini le problème en autant de façons que possible, et ensuite choisir la formulation spécifique qui identifie clairement le problème que vous désirez résoudre. Prenez votre temps : un problème bien défini est un problème à moitié résolu.

Divergence : reformuler le problème de toutes les façons possibles, chercher plu-sieurs manières différentes de poser la question. Demandez-vous, en variant la réponse : « Finalement, ce que nous cherchons c’est… ? De quelle façon pourrions-nous… ? Comment faire pour… ? Quelle idée pourrait… ? » Pour réussir cette reformulation, utiliser les points clés, à partir de« l’inventaire des informations » ou les énoncés de l’étape « définir les objectifs », qui aideront à allonger la liste.

Convergence : Celui qui a posé le problème sélectionne, parmi toutes ces reformulations, celle qui, idéalement, répondrait le mieux au but, au souhait, au défi posé au départ. On peut combiner plusieurs énoncés, ou les récrire. Vérifier que l’énoncé final du problème est spécifique, pertinent et plein de potentiel.

Étape 4 : chercher des idées

Objectif : générer autant de solutions que possible, répondant à l’énoncé du problème.

Divergence : faire une liste des idées qui répondent à l’énoncé du problème en utilisant l’une des techniques de créativité maîtrisées par le groupe et adaptées au type de problème.

Convergence : regrouper les idées par famille. Celui qui pose le problème peut restreindre la liste des idées.

Étape 5 : évaluer et trouver des solutions

Objectif : Identifier les forces et faiblesses des idées les plus prometteuses et décider lesquelles utiliser.

Divergence : définir, sous forme de recherche d’idées, les critères de jugement desidées. Quels facteurs vont déterminer la pertinence de chaque idée par rapport au problème ? Inventer un système d’évaluation adapté au problème, inventer des critères d’évaluation. Pour générer les critères compléter lepostulat : « La solution marchera si… »

Convergence : celui qui a posé le problème doit recentrer la recherche en précisant quels sont les critères les plus importants. Les idées doivent être considérées en utilisant ces critères. Les idées peuvent être également considérées en utilisant une grille où pour chacune d’entre elles on évalue ses points positifs, ses potentialités, ses faiblesses. Les solutions qui marchent, en fonction de ces critères, et après avis de celui qui a posé le problème, sont traitées à l’étape suivante. On utilise les différents systèmes d’évaluation décrits plus haut.

Étape 6 : préparer l’action

Objectif : développer un plan d’action pour votre solution, en faisant l’inventaire des choses et des gens qui vous aideront et de ceux et qui vont empêcher la mise en œuvre de votre idée.

Divergence : lister tout ce dont vous avez besoin pour la mise en œuvre de l’idée (Effectuer une recherche d’idée sur la mise en œuvre).Déterminez les conditions de mise en œuvre : qui sera impliqué ? De quel accord avez-vous besoin ? Qu’est-ce qui doit se passer, si tout va bien ? Quel planning ? Comment mettre en œuvre ?

Convergence : celui qui a posé le problème au départ, recentre la liste sur les étapes les plus importantes pour la mise en œuvre, sur les plus urgentes, etc. Celui qui a posé le problème s’engage sur un planning et sur les moyens nécessaires à la réalisation des étapes choisies. Finalement on se quitte sur le next step pour entrer en action. Pour chaque idée : que faut-il faire à court terme, à moyen terme, à long terme ? qui doit le faire, quand ? qui va vérifier que cela sera fait ? Et chacun doit sélectionner au moins une chose à faire dans les 48 heures, afin de maintenir l’énergie…

SOURCE : « Idées 100 techniques de créativité pour les produire et les gérer » (Guy Aznar – Éditions d’organisations)

QUELQUES TECHNIQUES CLASSIQUES DE CRÉATIVITÉ

  • Brainstorming
  • Mindmap
  • Lettre d’amour / lettre de rupture
  • Et si… ?
  • Scamper
  • Les cinq pourquoi
  • Les six chapeaux d’Edward de Bono
  • Il était une fois
  • La pire idée
  • Associations de mots : sémantiques, contraire, phonétique, subjectives…
  • Analogie
  • Méthode KJ
  • La galerie d’idées
  • Théorie TRIZ

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